Briser l’emprise d’un pervers narcissique : 7 façons simples de communiquer avec lui

Femme sur une scène de théatre, attachée par des cordes aux poignets et aux chevilles qui essaie de couper l'une des cordes avec une paire de ciseaux
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Vous êtes mal à l’aise avec votre supérieur hiérarchique (homme ou femme), mais vous n’arrivez pas à définir pourquoi. Il (ou elle) vous donne des directives floues. Vous faites du mieux que vous pouvez pour lui donner satisfaction, mais lors des points individuels qu’il fait régulièrement avec chaque membre de l’équipe, il ne se gêne pas pour vous culpabiliser sur un dossier mal ficelé, vous rabaisser pour un tableau Excel dans lequel un chiffre était erroné ou un PowerPoint pas présenté à son goût alors qu’il ne vous avait pas donné d’instruction précise.

Pas étonnant que vous vous sentiez de plus en plus mal. Vous êtes face à un pervers narcissique (PN) qui cherche à briser votre confiance en vous et à vous faire perdre toute estime de vous-même par tous les moyens.

Parmi les clients que j’accompagne actuellement, l’un d’eux est managé par un pervers narcissique qui abuse de sa situation de supérieur hiérarchique.  Comme il n’est sans doute pas le seul dans cette situation, je vais partager avec vous des modes de communication adapté à ce type de personnalité.

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Pour mémoire : ne cherchez pas à comprendre ou à sauver votre bourreau. N’essayez pas non plus de vous justifier ni de vous en prendre ouvertement à lui.  Dans le premier cas vous lui donneriez un bâton pour vous faire battre, dans le second, il s’en prendrait méchamment à vous.

Le pervers narcissique peut aussi bien être un homme qu’une femme. Dans la suite de l’article, pour ne pas alourdir le texte, je parlerai exclusivement au masculin, mais ayez en tête que tous les cas de figure sont possible : pervers narcissique homme ou femme, s’en prenant à un collaborateur ou une collaboratrice.

Ceci étant posé, voyons un mode de communication qui vous permettra de déjouer ses stratégies diaboliques.

Par quoi commencer ? Voyons déjà le premier point

#1 – S’affirmer face au pervers narcissique 

Source : Pixabay

Comme je l’ai dit en introduction, le PN vous dévalorise, vous infantilise, vous culpabilise… La première chose à faire de toute urgence, est donc d’apprendre à vous affirmer. Tout le reste n’est que bonus.

Si le pervers narcissique a tant d’emprise sur vous, c’est en partie parce que dans le passé, on ne vous a jamais appris à répondre aux critiques quand elles se sont abattues sur vous. A présent, vous êtes comme le petit lapin pris dans les phares avant d’une voiture en plein milieu de la route : paralysé.

Comme vous ne comprenez pas ce qui se passe, votre cerveau essaie d’analyser la situation et de se raccrocher à un événement similaire appartenant au passé… qu’il n’a pas dans ses archives. Il est donc tant de les mettre à jour.

Car comme le dit le dicton : « il n’est jamais trop tard pour bien faire« .

Aussi lorsque le PN vous annonce d’un ton méprisant :

  • C’est n’importe quoi ce tableau de bord. On n’y comprend rien. En plus, ce chiffre est faux. Je ne sais pas où tu as été le chercher, mais 15% d’augmentation, ce n’est pas possible. Tu te rends compte de ce que ça signifie ? Tu n’as pas vérifié tes chiffres. Ca ne va pas, ça ! La vérification, c’est le B.A.BA du métier !

Répondez-lui posément (il est important de ne pas manifester d’émotion face à lui) :

  • Où est-il écrit que je dois être parfait ?
  • Où est-ce indiqué qu’il est interdit de faire des erreurs ?

C’est imparable. Vous avouez sans avouer tout en exagérant son comportement. Il va tout de suite comprendre qu’il a été trop loin et que ça ne sent pas bon pour lui. Rien de tel pour calmer ses envolées culpabilisantes.

Ceci nous amène à la seconde  attitude à adopter lorsque vous êtes en présence d’un pervers narcissique.

#2 – Fixer des limites

Le PN a une fâcheuse tendance à poser les règles qui l’arrangent.

Imaginons que vos horaires de travail soient 9h00 – 18h00. Si vous avez le malheur d’arriver à 9h01 ou de partir à 17h59, attendez-vous à ce qu’il fonce sur vous comme un rapace sur sa proie pour remettre les pendules à l’heure.

Par contre, il n’aura aucune gêne à vous demander de venir distribuer des flyers à 7h00 du matin ou de l’accompagner à une réunion planifiée à 18h30. Si vous acceptez, sachez que ces heures sup imposées sont données à fond perdues. Toujours la politique du « soit je gagne, soit tu perds ».

En effet, si un jour vous avez besoin de partir une heure plus tôt pour aller chez le médecin, d’arriver à 10h pour accompagner votre fils à la gare pour un départ en colo ou d’une pause déjeuner étendue pour accomplir une démarche administrative, il vous imposera de poser une demie journée de congés. Aucune reconnaissance pour service rendu à la société.

Le pervers narcissique peut aussi prendre un malin plaisir à vouloir faire un point avec vous 15 à 10 minutes juste avant que vous ne partiez. Prévenez-le d’entrée de jeu :

  • D’accord. J’ai 10 minutes à t’accorder. Ensuite, je dois partir.

Surveillez votre montre comme le lait sur le feu et 10mn plus tard, annoncez-lui fermement :

  • Ah ! Je vois qu’il est l’heure. Il faut que j’y aille. Bonne soirée !

Et tournez les talons en le saluant sans dire « excuse-moi » ou « désolée ». Vous lui donneriez l’impression d’être en faute, ce qui apporterait de l’eau à son moulin pour le lendemain.

Autre cas de figure, imaginons que votre chef PN vienne vers vous et vous dise :

  • Ah, Karine ! J’ai vu Julien tout à l’heure. On se voit à 18h00 pour faire le point au sujet de son intervention lors du prochain séminaire. C’est important que tu sois là, comme c’est toi qui l’organise.
  • Je suis entièrement d’accord avec toi : le sujet est très important pour moi. Maintenant, les horaires de travail c’est 9h00 – 18h00 avec une heure de pause déjeuner. Alors si c’est important que je sois là, planifiez la réunion pendant les horaires de travail ; je ne sais pas vous, mais moi, j’ai aussi une vie en dehors du boulot.

Si vous avez peur d’être aussi ferme, retranchez-vous derrière la loi. Les PN craignent l’autorité.

  • Cette réunion est effectivement très importante. Maintenant si j’ai un accident en rentrant chez moi, on pourrait venir te reprocher d’avoir planifié une réunion aussi tard. Pour cette raison, je ne me joindrai pas à vous à 18h.
main peinte en rouge sur laquelle est écrit stop en blanc
Source : Pixabay

Vous pouvez aussi fixer des limites souples et préparer le terrain. C’est ce que j’ai fait avec le manager de l’époque, lorsqu’il m’a demandé de l’accompagner pour la 2nde fois à une réunion qu’il avait fixée à  18h30,  je lui ai répondu :

  • Ce soir je n’ai rien de prévu. Donc je vais venir. Mais la prochaine fois, si ça tombe un jour où j’ai quelque chose, je te dirai non.

La fois suivante, il n’a donc pas été surpris lorsque j’ai refusé de venir.

A lire aussi : dire Non : 7 conseils pour oser s’affirmer

Et si vous imbriquez cette règle à celle qui va suivre, plus jamais vous ne partirez après l’heure.

Vous vous demandez de quoi il s’agit ? Continuez votre lecture…

#3 – Rester vague

Source : Pixabay

Il s’agit tout simplement de rester vague dans vos explications. En PNL, on appelle cela le métaprogramme « large » (ou global). Cela consiste à employer des phrases courtes (sujet+verbe, éventuellement complément)  + des termes généralistes qui désignent une catégorie.

Par exemple, si vous dites « j’ai mangé un fruit », votre interlocuteur ne sait pas s’il s’agit d’une pomme, d’une poire, d’une banane ou d’un autre fruit. Il ne sait pas non plus si c’était au diner d’hier soir, au petit déjeuner de ce matin, au déjeuner de la semaine dernière. Vous me suivez ?

Ainsi, lors d’une discussion avec votre dirigeant, cela peut donner :

  • Tu m’as fixé un point demain à 11h00. Je ne peux pas venir, j’ai déjà un rendez-vous.
  • Ah bon, un rendez-vous sur… ?
  • C’est un rendez-vous important qui concerne un projet que tu m’as donné.
  • Quel projet ?
  • Tu sais, celui dont on a parlé la semaine dernière. Bon j’y retourne, parce que j’ai un travail urgent à terminer.

Il en va de même pour votre vie privée. SURTOUT pour votre vie privée.

Pour reprendre l’exemple du point précédent, voici ce que cela donne :

  • Ah, Karine ! J’ai vu Julien tout à l’heure. On se voit à 18h00 pour faire le point au sujet de son intervention lors du prochain séminaire. C’est important que tu sois là, comme c’est toi qui l’organise.
  • Ce soir je ne peux pas, j’ai quelque chose de prévu.

Ce petit « quelque chose » vous permet d’échapper à la contrainte imposée aussi aisément qu’un prisonnier muni d’un passe-partout… Même si le « quelque chose » en question est un simple diner en tête à tête avec votre série préférée sur Netflix. Le PN n’a aucun moyen de le savoir.

Si le pervers narcissique devient intrusif et essaie de savoir ce que vous avez de prévu, restez évasive et pratiquez la technique du disque rayé avant de tourner les talons :

  • Comme je viens de te le dire, j’ai quelque chose de prévu. Bien, j’y vais !

Il n’a absolument pas besoin de savoir si c’est un rendez-vous galant, une soirée entre amis ou une séance cinéma.

Si rester vague est capital pour vous, à l’inverse, il est fondamental d’éclaircir les demandes de votre manager lorsque celui-ci tente de vous enfumer.

Plus facile à dire qu’à faire ? Pas nécessairement, si vous usez et abusez de l’astuce suivante, très simple à mettre en œuvre. 

#4 – Dissiper le flou

Le manager pervers narcissique cherche à briller de mille feux aux yeux de son propre manager et autres personnes influentes. Il veut s’accaparer toute la lumière, c’est un objectif viscéral. Il n’aura donc de cesse d’éliminer par tous les moyens, toute personne qui pourrait projeter sur lui la moindre petite trace d’ombre.

Pour ce faire, même s’il s’en défend quand vous le lui faites remarquer, il donne tout le temps des directives extrêmement floues et imprécises à ses collaborateurs. Or, comme l’a si bien dit Martine Aubry (femme politique française) : « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup« .

Cette stratégie va lui permettre deux choses : la première, de mieux pouvoir dire que ce que vous lui remettez n’est pas ce qu’il vous a demandé, vous prouvant une fois de plus que vous n’êtes pas à la hauteur de ses attentes ; la seconde, de prétendre que vous avez mal compris, si vous le prenez en flagrant délit de mensonge.

Source : Pixabay

Par conséquent, comment contrer cette manipulation ? C’est très simple. Il suffit de lui poser des questions précises qui impliquent des réponses. Vous pouvez vous inspirer de la méthode de stratégie commerciale bien connue de tous les étudiants en école de commerce : CQQ COQP.

De quoi s’agi-t-il ? D’un moyen mnémotechnique pour se souvenir des mots interrogatifs à utiliser lors d’un entretien de vente. Au cours de votre l’échange, vous êtes ainsi certaine d’obtenir toutes les informations, attentes et motivations de votre client, ce qui vous permettra d’argumenter efficacement avec votre interlocuteur.

Quels sont ces mots clés ? Comment, Qui, Quoi, Combien, Où, Quand, Pourquoi. Bien sûr la liste n’est pas exhaustive. Je pense notamment à « avec qui », « depuis quand », « à quelle fréquence »…

Mais cette petite liste de 7 mots est de l’artillerie lourde face à une personne mal intentionnée qui cherche à avancer masquer. Cette liste va vous permettre de le bombarder de questions sans relâche et de mettre à mal sa stratégie infernale.

 Face à une demande floue, votre objectif est d’obtenir l’exclusivité des informations, toujours sans manifester d’émotion, quelle qu’elle soit.

Par exemple :

  • Tu peux me sortir les résultats. C’est urgent.
  • Oui, bien sûr. Quels résultats souhaites-tu ?
  • Tu sais bien. Comme d’habitude.
  • Justement, d’habitude tu me demandes différents types de résultats. Pour répondre précisément à ta demande j’ai besoin que tu me précises ce que tu attends de moi. Par exemple, est-ce que c’est le suivi mensuel ou l’hebdomadaire ?
  • ….
  • Quand tu me dis « c’est urgent ». Tu attends les résultats pour quand ? Dans deux heures, cela ira ?
  • Fais au mieux.
  • D’accord. Mais c’est quoi le mieux pour toi ? Ou le pire…
  • Tu les veux sous quelle forme ces résultats ? Fichier Excel par mail ? Ou version papier ?
  • ….

Ce questionnement me fait penser au sketch de Roland Magdane : l’épicier.
(Si vous ne le connaissez pas, vous pouvez le regarder sur YouTube en cliquant ici)

Amusez-vous à devenir la Miss Marple de votre service et prenez un malin plaisir à parodier le sketch de Roland Magdane. Cela vous évitera d’entrer dans des émotions dites négatives (peur, colère, tristesse).

Une fois les précieux renseignements obtenus, rédigez ensuite un rapport officiel : prenez 5 minutes pour acter dans un mail tout ce qu’il vous a demandé. Envoyez-lui ce mail avant de commencer. S’il se rétracte ultérieurement, vous aurez ainsi la preuve de ce qui a été décidé et vous lui couperez l’herbe sous le pied.

Par exemple :

René,

Comme suite à notre échange, je te confirme que je t’envoie le suivi hebdomadaire détaillé (par enseigne et par ville) sous 48h.
N’hésite pas à revenir vers moi si nécessaire.

Cordialement,
Karine

S’il a oublié de vous demander le détail par vendeur, il ne pourra pas prétendre qu’il vous l’avait demandé, ni qu’il en avait besoin pour le jour-même.

Mais le loup pervers a plus d’un tour dans son sac. Lui faire tomber le masque peut se révéler plus difficile que prévu. Notamment s’il vous demande ce que vous en pensez…

Comme une femme avertie en vaut deux, voyons sans attendre comment parer cette manœuvre.

#5 – Obliger le PN à prendre position

Le pervers narcissique manquant énormément de confiance en lui, il va chercher à vous laisser prendre les décisions à sa place. Cette façon de faire va avoir pour lui deux avantages :

  • Si vous avez pris la bonne décision, il s’auto attribuera le mérite incontestable des résultats obtenus en vous laissant dans l’ombre la plus sombre. Alors qu’il remportera la gloire, les félicitations et une prime substantielle, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer.
  • Si au contraire vous avez retenu la mauvaise option, il vous accusera sans état d’âme d’avoir mené le projet à l’échec et vous humiliera impitoyablement devant le reste de vos collaborateurs et/ou de votre N+2.

Afin de ne pas lui laisser cette opportunité, apprenons à contrecarrer ses plans : lui renvoyer l’ascenseur, c’est-à-dire de lui retourner la question.

Imaginons qu’il vous demande :

  • Karine, concernant l’appel d’offre, il nous reste deux entreprises en lice. Laquelle te semble la meilleure ?
  • Les deux entreprises ont des propositions intéressantes et leurs tarifs ne sont pas les mêmes. Et d’après toi, quelle est la meilleure ?
Source : Pixabay

Dans cette situation, votre objectif est d’éviter à tout prix de prendre position pour l’une ou l’autre des alternatives. S’il insiste, questionnez-le pour l’amener à trouver SA solution.

  • Oui, tu as raison, leurs tarifs vont du simple au double (ce n’est pas vous qui l’avez dit). L’entreprise A est beaucoup plus chère, mais ils proposent des services beaucoup plus importants. Tu choisirais laquelle, toi ?
  • Je ne sais pas. Je ne suis pas à ta place (sous-entendu, c’est toi le boss). De quoi aurais-tu besoin pour prendre ta décision ?
  • Tu as raison, je vais demander son avis à André (N+2)
  • Tiens-moi au courant quand tu auras eu la réponse

Le PN est également très fort pour faire des critiques, bien souvent injustifiées, dans le dos de ses collaborateurs (et bien sûr, vous n’échappez pas à la règle).

Imaginons à présent que Claude ait fait une intervention lors d’une réunion entre plusieurs services

  • Que penses-tu de l’intervention de Claude ?
  • Et toi ?
  • … Je te demande ton avis, à toi ?
  • Si tu me poses la question, c’est que tu as également un avis…
  • Moi, je trouve qu’elle n’a pas assez insisté sur certains éléments

Dans ces circonstances, n’entrez surtout pas dans son jeu en cassant du sucre sur le dos de l’un ou l’une de vos collègues. A la première occasion, il s’en servirait pour semer la zizanie entre vous. La seule solution consiste à rester neutre.

Par exemple :

  • Ah bon ? Quels éléments par exemple ? (amenez-le vers du concret)
  • Par exemple, elle aurait pu mettre davantage en avant notre rôle dans l’organisation
  • Oui, peut-être (réponse qui ne vous engage pas). Et tu le lui as dit ? Elle n’a sans doute pas vu l’intérêt de le faire. Cela pourrait lui être utile pour une autre fois…

A présent, allons encore plus loin en contrant ses horribles accusations aussi facilement qu’un agent secret infiltré. Quelle est donc cette arme secrète ?

# 6 – Répondre à ses accusations devant témoins

J’ai connu un manager qui avait une fâcheuse tendance à ne pas transmettre les informations à ses collaborateurs. Aussi, lors des réunions, il s’en donnait à cœur joie de les ridiculiser. Si pareille mésaventure vous arrivait, comment réagir ? Restez zen malgré la colère légitime qui peut monter, et affichez votre plus beau sourire.

  • Comment, Karine, tu ne sais pas qu’on a changé d’interlocuteur ? Je t’ai transmis l’info pourtant. Tu n’as pas regardé tes mails ?
  • Si tu m’avais transmis l’info, je l’aurais vue, car je suis à jour dans mes mails. Mais peut-être que tu as cru me l’avoir envoyé ? L’erreur est humaine, tu sais.

Ou encore :

  • Karine, vous n’expliquez pas bien la situation. Je vais reprendre la main, parce que là, franchement, on est tous perdu.
  • Qu’est-ce qui vous fait dire que tout le monde est perdu ? Je n’ai entendu aucune question jusqu’à présent, pourtant. Je connais très bien le dossier. Je peux répondre à tes interrogations si tu en as. Je t’écoute.
Source : Shutterstock

Lorsque qu’un manager pervers narcissique est pris en défaut, son instinct naturel le pousse à se victimiser ou à accuser les autres.

S’il s’en prend ouvertement à vous lors d’une réunion, surtout n’entrez pas dans son jeu en commençant à vous justifier !

Votre défense va consister à rester factuelle, et dans la mesure du possible, à apporter des éléments concrets.

Imaginons qu’André (le N+2) fasse remarquer à Charles, votre manager PN que les résultats qu’il a sous les yeux ne sont pas du tout ceux qu’il lui a transmis.

  • André : Je ne comprends pas. Dans le tableau que tu m’as envoyé, si je fais la somme des résultats, je suis à 500 000 euros. Et aujourd’hui, on tombe à seulement 300 000 euros de chiffre d’affaire. Comment c’est possible ?!
  • Charles : Oui, Karine. Comment c’est possible ? Tu ne m’as pas prévenu qu’il y avait un écart de 200 000 euros. C’est dingue quand même. Ca fait une sacrée différence. Tu n’as rien vu ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ?
  • Karine : Si, bien sûr, en relisant le tableau hier soir à 22h, j’ai vu que sue l’une des lignes, les résultats de l’an dernier n’avaient pas été modifiés. J’ai donc procédé à la correction et je t’ai renvoyé la nouvelle version dans la foulée, Charles. Si tu regardes tes mails, tu verras que vers 22h15, je t’ai envoyé un message. Tu n’as sans doute pas eu le temps d’ouvrir ta messagerie ce matin ? Les résultats que vous avez sous les yeux sont d’ailleurs plus cohérents avec la situation, puisque cette année, en ce moment, ce sont les vacances scolaires, alors que l’an dernier, les vacances de notre zone ont commencé une semaine plus tard. Dans 15 jours, nos résultats devraient donc remonter fortement par rapport à l’an dernier.

Vous l’aurez compris, avec un PN il est toujours majeur d’avoir un coup d’avance et de tout confirmer par écrit.

D’expérience, un pervers narcissique donne l’illusion de connaître les dossiers, mais il n’en est rien. Rapidement, le N+2 du service comprend qui est le spécialiste et s’adresse directement à lui sans passer par l’intermédiaire.

Ce qui va nous amener au point suivant, et non des moindres…

# 7 – Contrer sa vengeance

Source : 123rf

Lorsque le PN s’aperçoit que le vent tourne en sa défaveur, il est fort probable qu’il n’apprécie pas vraiment la situation. Il va chercher à se venger, en vous refusant certains droits (congés non acceptés pour un prétexte futile ou non remboursement d’une facture pour un déplacement en service ou l’achat d’un disque dur externe…) ou en vous mettant des bâtons dans les roues pour vous empêcher de partir au prétexte que vous devez d’abord trouver un remplaçant.

Mais ceci n’est pas grand-chose au regard de ce qu’il est capable de faire sans sourciller : salir votre réputation.

Bien que redoutable avec ses équipes, le pervers narcissique est un être extraordinairement sociable. Il sort souvent de son bureau, va facilement vers les autres (de préférence des personnes haut placé), appartient à plusieurs réseaux, s’informe, aime se montrer sous son meilleur jour.

Lors de ses rencontres, il peut avoir tendance à dénigrer certains membres de son équipe,

  • soit pour se victimiser : tu comprends, j’ai une équipe… ils sont vraiment tous nuls, ils ne savent pas travailler ensemble, je suis obligé de passer derrière eux tout le temps pour qu’ils aillent plus vite, sinon, on n’avancerait pas. Ce n’est pas facile tous les jours avec eux !
  • soit pour dévaloriser une personne et la garder sous sa coupe : Karine, elle ne sait vraiment pas analyser un tableau de bord. Pourtant, elle a fait HEC, mais je ne sais pas comment elle a eu son diplôme. Elle a dû coucher avec le Directeur de l’école, parce que plus nulle qu’elle, il n’y a pas.

Avec de tels propos, difficile de retrouver un autre poste par la suite, car vous ne pouvez rien prouver… Ni contre le PN, ni contre la rumeur.

La solution ? Sortir vous aussi de votre bureau et vous faire connaitre.

En 1991, c’est ce qui m’a permis de sortir de l’emprise d’un manipulateur. A cette époque-là, je n’avais pas les connaissances que j’ai aujourd’hui. Heureusement pour moi, ce n’était pas mon premier poste dans ce département. J’avais lié des contacts avec les personnes d’un autre service avec qui je continuais à déjeuner régulièrement. Ils me connaissaient tous et connaissaient mon professionnalisme, de l’employé au N+2.

Aussi lorsque le PN a commencé à dire que je n’étais pas un bon élément, aucun d’entre eux ne l’a cru. Lorsqu’un poste s’est libéré dans ce service, j’ai postulé… Et j’ai été accueillie à bras ouverts dans cette équipe.

J’ai appris plus tard qu’avant d’accepter ma mutation, le PN avait dit à mon nouveau manager « avec elle, tu ne fais pas une affaire ». Ce à quoi, mon nouveau manager avait répondu « ce n’est pas ton problème, c’est le mien. Et je ne suis pas inquiet »…

Si faire du réseau n’est pas dans votre nature, alors ne tardez pas. Trouvez-vous un autre poste. Cela ne sert à rien de continuer à endurer quotidiennement des supplices. Vous n’en sortirez pas vainqueur. Pensez à vous d’abord. Cherchez un autre poste et soyez maligne ! Quittez cet enfer avant qu’il ne soit trop tard. Il en va de votre santé !

A lire aussi : Comment Repérer un Manager Toxique Lors d’un Entretien d’Embauche

Si vous aussi, vous subissez les agissements destructeurs d’un pervers narcissique et avez besoin d’aide, contactez-moi pour faire le point sur votre situation. Oser s’affirmer, c’est possible !

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Vous avez subi les joutes d’un PN ? Laissez un commentaire ci-dessous et racontez-nous comment vous en êtes sortie !

Et si d’autres sujets sur le bien-être au travail vous tiennent à cœur, n’hésitez pas à les suggérer ci-dessous.

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Commentaires 2

  • Je trouve dommage que la perversion soit toujours attribuée exclusivement aux cadres.
    Je suis fonctionnaire dans une collectivité territoriale et je suis cadre intermédiaire ; j’ai effectivement un supérieur hiérarchique pervers, mais également une agent que je manage pervers

    En outre le supérieur en question essaye depuis plusieurs années de se servir de moi pour anéantir le fameux agent sous mes ordres, ceci pour des raisons obscures.

    Le chef de service a un « clan » qui travaille sans compter pour lui (car forcément il est malin, manipulateur , et incompétent) contre avantages (promotions, etc) Ce sont ses amis qu’il a tous placés.

    Des idées ? La fuite ……et oui, mais trop âgée, pour l’instant sans succès.

  • Bonjour et merci pour votre message.
    Effectivement, vous avez raison, dans cet article, les exemples donnés sont des situations où c’est le supérieur hiérarchique qui se livre à la perversion. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce blog s’adresse principalement aux cadres. Mais bien sûr, on peut tout à fait avoir un collaborateur de même niveau ou un subordonné qui soit pervers narcissique à l’encontre de son supérieur hiérarchique.
    Tout comme dans le domaine privé, un enfant peut être pervers envers ses parents.

    Difficile de répondre en quelques mots à votre situation sans en avoir tous les détails. Néanmoins, je pense que les conseils donnés sur ce blog peuvent être appliqués aussi à l’agent qui est sous vos ordres, à savoir : le recadrer quand il dépasse les limites (c’est vous la boss) et bien sûr ne montrer aucun signe d’affect ; lui donner le moins d’éléments possibles vous concernant afin qu’il ne s’en serve pas contre vous ; répondre à ses questions par des questions et le faire préciser sa pensée (quand tu me dis telle chose, tu veux dire… ?) ; vous arranger pour que les échanges aient toujours lieu devant des témoins, pour qu’il ne puisse pas déformer vos propos et colporter de fausses informations.

    Je ne sais pas combien de temps il vous reste à travailler, mais prenez bien soin de vous, car travailler avec un PN, c’est déjà compliqué, mais avec 2, c’est un environnement vraiment hyper-toxique pour n’importe qui : vous êtes une experte en gentillesse, ce sont des experts en perversion.

    Si vous envisagez vraiment de rester dans un tel environnement, il va vous falloir trouver des ressources pour, non pas résister car vous allez vous épuiser, mais vous affirmer. Cherchez du soutien dans votre entourage, partagez vos expériences avec des personnes de confiance (dans votre entourage professionnel mais aussi personnel), ne restez pas isolée. Profitez-en pour leur demander ce qu’ils feraient à votre place. L’un d’eux peut avoir des idées auxquelles vous n’aviez pas pensé.

    Ensuite, il y a plein de fuites possibles. Lorsqu’on parle de fuir un PN, tout le monde pense spontanément à quitter son poste pour en chercher un autre équivalent.
    Comme tout salarié, vous avez également un crédit formation. Utilisez-le pour demander :
    – un coaching ; il vous permettra de gagner en assurance
    – un bilan de compétences ; il vous permettra d’envisager d’autres activités possibles
    – une formation pour acquérir de nouvelles compétences et envisager une reconversion… ou une promotion !
    Une autre solution serait de faire intervenir des tiers, comme un syndicat ou un médecin du travail. Un arrêt maladie pourrait par exemple vous donner du temps déjà pour vous ressourcer, et ensuite pour prospecter dans un autre service ou une autre entreprise.
    Continuez à vous tenir informée des opportunités qui existent ou qui vont se profiler auprès des RH et votre réseau.

    J’espère que ces quelques pistes vous auront donné des idées.

    N’hésitez pas à revenir ici pour poser d’autres questions ou à me contacter si vous souhaitez un accompagnement.
    Je vous souhaite bon courage pour la suite.

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